Quand je veux créer, m'échapper un instant & prendre un crayon, un pinceau, je monte dans l'atelier que je me suis aménagé  au dernier étage de ma maison.

C'est Un belvédère avec vue sur l'océan.

La vue sur Groix, les marées, le phare de Pen Men la nuit  permettent le repos et  l'inspiration  et d'aller encore un peu plus haut.

Je poursuis un travail sur le thème de l'eau. L'idée est d'écrire un roman graphique à partir des ces productions. L'inspiration a débuté cet hivers devant les longues journées de pluies et de tempêtes.

Evitant la mélancolie, j'ai pensé à une série de tableaux autour de l'élément aquatique, une sorte de cycle depuis la mer au ciel puis la terre.

Les premiers tirage sont réalisés sur médium de 40 cm X 40 cm. 

Le chalenge était de s'inspirer d'une photographie proposée par une artiste  sur le thème du végétal et de l'intégrer dans un travail de gravure complémentaire.

Le thème était le "végétal". J'ai pu à partir de trois photographie imaginer une gravure qui pouvait se superposer à la photo. 

J'ai souhaité raconté une histoire en lien avec notre interdépendance avec une nature que l'on ne respecte pas, et insister sur le fait que nous sommes censé en faire partie et na pas être en dehors. Le choix du traitement de l'image avec photoshop pour superposer photo et gravure et souligner la mélange grâce à un filtre, représente cette fusion de l'homme et la nature. L'exposition a lieu à AGORA à Lorient durant décembre 2022.

La gravure superposée en photoshop à la photo, a été tirée une fois puis enrichie dans un deuxième tirage avec de l'aquatinte, pour créer un fond ( vidéo d'explication plus bas). 

Vous voyez dans les séquences suivantes, les étapes: Vernis, dessin, morsure, encrage, essuyage, tirage...

Résultat final de cette association exposée  avec la photographe Monique Gelot

du 29 octobre au 1er Décembre 2022 à Larmor Plage plusieurs rencontres sont organisées autour de Pierre Loti, dont une exposition regroupant les oeuvres de 23 artistes à la médiathèque sous l'égide de la SLBA ( Société Lorientaise des Beaux Arts).

Pour l'occasion j'ai eu la chance de travailler sur le thème avec Art'imagin collectif de graveurs. J'ai choisi deux romans de Pierre Loti et vous livre ci après mon travail de recherche jusqu'à la création finale.

J'ai gravé une première plaque de Linoléum. Dans cette technique tout ce qui est enlevé avec une gouge paraitra en blanc sur le tirage. Il est usuel de réaliser au fur et à mesure des tirages que l'on appelle épreuves d'état (EE) pour vérifier l'équilibre des contrastes.  Un seule encre a été appliquée avec un seul tirage en bleu , j'en ai réalisé un en noir mais aussi un en gris de Payne, après avoir enlevé des zones dans le ciel pour créer une impression de nuages.

Le deuxième tirage est obtenue après un  tirage en gris de Payne, puis un nouveau travail de la plaque où j'ai enlevé tout ce qui était gris. J'ai ensuite réalisé  une nouvelle impression en bleu de Prusse  en repassant sous la presse les impressions "grises" que j'ai laissé sécher entre temps.

Je n'ai réalisé que peu de tirages de cette épreuve définitive que j'appelle alors épreuve d'artiste (EA). C'est la technique est à lino perdu. Il n'est plus possible de revenir en arrière car on enlève au fur et à mesure des tirages, sur la plaque les couleurs déjà imprimées.

D'autres support sont possibles comme le bois.

 N'hésitez pas à découvrir les travail des artistes professionnels représentant talentueux de ces méthodes Jean Yves Boisleve et Claude Huart

La deuxième épreuve réalisée avec impression sur carte marine est partie du texte de Pierre Loti.

« La fraîcheur humide de l’air était plus intense, plus pénétrante que du vrai froid, et, en respirant, on sentait très fort le goût de sel. Tout était calme et il ne pleuvait plus ; en haut, des nuages informes et incolores semblaient contenir cette lumière latente qui ne s’expliquait pas ; on voyait clair, en ayant cependant conscience de la nuit, et toutes ces pâleurs des choses n’étaient d’aucune nuance pouvant être nommée. »

Dans ce roman, Pierre Loti décrit l’environnement où évoluent les personnages en  phrases souvent longues. Il y fait référence aux sens (le goût, l’odeur, la vue, le toucher, l’audition). Cette ambiance rythmée par celle de la longue houle du large amène une sensation de transe hypnotique *, une torpeur mélancolique. 

Dans cette gravure, avec les vagues de sens différents mêlées au visage,  la goélette  au large et le doris (barques employées pour la pêche et mises à l’eau pour deux marins sur les zones) plus près, le texte qu’il faut suivre en inclinant le regard le long des vagues, j’ai voulu recréer cette sensation étrange, seule la carte nous ramenant sur un trajet réfléchi et prévu. 

A partir d'une esquisse, il s'agit de la retranscrire en l'inversant grâce à un claque sur la plaque de linoléum.

Le texte est rajouté ensuite dans les zones blanches laissées dans les vagues. 

*Les techniques médicales d'hypnose utilise les quatre sens et la suggestion  ( exemple "...les nuages informes semblaient contenir cette lumière latente qui ne s'expliquait pas..."pour laisser l'imagination du patient faire le reste et être dans une autre réalité, la sienne...  Pierre Loti est un hypnotiseur...

"Les heures, les jours, les mois s'envolaient dans ce pays autrement qu'ailleurs; le temps s'écoulait sans laisser de traces, dans la monotonie d'un éternel été".

Louis-Marie-Julien Viaud officier de marine se rendit à Tahiti. 

La vieille reine Pomaré lui donne le nom de Loti, du nom d'une fleur tropicale (25 janvier 1872), trouvant son vari nom trop comliqué à prononcer. Tenu à une obligation de réserve du fait de sa qualité d'officier de marine, il n'en fait son nom de plume qu'à partir de 1876. Pendant son séjour, il écrit Le Mariage de Loti.

Pour ce travail, je me suis inspiré d'une photo de Pierre Loti en habit de l'époque, d'un tableau de Gauguin de sa période polynésienne et de la fleur de Loti.

La gravure native uniquement noire et blanche représente les fleurs de Loti, mais aussi un monstre polynésien, que j'avais pris en photo lors de mon périple aux marquises. Il est face à celui qui représente la civilisation européenne tant décriée par Gauguin, pour protéger la fraicheur de la polynésienne  langoureusement allongée prés de la rivière. Son pagne Jaune et noir est la proximité de l'eau sont décrits dans le roman lors de sa leur première rencontre.

Pour la fête de l'estampe "manifestampe", j'ai réalisé quelques épreuve d'artiste sur linoléum.  Je les ai coloré ensuite partiellement en rouge à l'encre liquitex.

La motivation de ce travail était une dénonciation en opposition à la propagande soviétique en utilisant des codes  et des travaux déjà réalisés dans le passé.

Cette démarche a apaisé  une  colère qui m'habitait. C'est une des propriétés de la création...

Je vous livre ci après quelques explications et documents qui m'ont servi lors de cette réflexion et réalisation.

Après une édition simple , un travail sous forme de roman graphique est en cours avec Bénédicte Thouvenin. Il devrait aboutir à une édition dans le courant de l'été.

La pièce de théâtre adaptée par Pascal Guin, poursuit son périple doucement. Deux représentations à l'Institut de formation des professionnels de santé de Brest a eu un vif succès. Un tournage a également été réalisé dans le bloc opératoire de la clinique du Terr à Ploemeur, dont la vidéo sera bientôt disponible.

L'écriture au fil du temps, sur d'autres thèmes et réflexions se poursuit sur le blog.

Voir le blog Nuits Blanches: Histoires d'urgence illustrées par Bénédicte Thouvenin et l'édition d'une partie des textes